Il se bat pour que le disque soit considéré camme un support culturel et non comme un simple produit. Son dernier album, « les Chants magnétiques » vient de paraître
Jean-MIcbel Jarre, c’est Oxygène, des concerts publics mémorables en grand public dont celui à la Concorde I’an dernier , des millions de disques vendus de par la planète y comprls la Chine où il a été accueili pour des conférences dans les universités de Shangai et de Pékin et où il retournera à l’automne pour une série de concerts ; bref, c’est la gloire musicale et sa rançon : les royalties et les droits d’auteur. Une manne si sonnante et trébuchante qu’elle suscite toutes les suspicions. Jean-Michel Jarre, plus simplement, c’est on musicien. Qui compose et qui plaide pour son art et non poor sa seule petite personne. C’est un phénomène assez rare poor être remarqué. Il a trente-trois ans et ne les paraît pas et le physique du musicien selon I’imagerie populaire, (une gravure d’Epinal représentant un romantique : les traits fins, le nez et la bouche bien dessinés, le cheveu timidement bouclé et un je-ne-sais-quoi de vague et de lumineux à la fois dans le regard. Son propos en revanche est enflammé. D’entrée de jeu, il place la conversation en termes de polémiques contre le show-business : «Le problème le plus grave en France, c.est que l’on ne parle du disque qu’en terme de hit-parade. C’est bien la preuve qu’il n’est pas considéré comme un support culturel. On raisonne en chiffres de ventes et on oubJje qu ‘il est taxé à trente-trois pour cent comme les produits de luxe. Le mépris dans lequel on le tient est tel que si on I ‘annonce une marque de disque à la télevision, c’est considéré comme de la publicité clandestine alors qu’on trouve normal de parler les éditeurs des livres ! N’est-ce pas la preuve que le disque est considéré comme un produit et, pire, comme un produit destiné aux analphabètes ! Le disque est pourtant un moyen culturel majeur, plus important que le cinéma ou le livre. Le monde entier est concerné par ce véhicule d’idées et d’émotions et il est inadmissible qu’il ne soit pas pris en compte en France. Cela confine la musique sur un plan secondaire et anecdotique. Chez nous, on a le choix entre la musique élitiste, de chapelle, de cour ou la variété méprisable. C’est proprement inadmissible… »
Ce sont là des propos que Jean-Michel Jarre a tenus à François Mittterrand qui n’était alors que candidat à la présidence de la République ».