13/07/2012

Jean-Michel Jarre réalise un rêve de gosse au pied de l'Acropole

Trois concerts ont réuni plusieurs milliers de spectateurs.
Mis à jour le jeudi 21 juin 2001
ATHÈNES, de notre correspondant

Après les pyramides d'Egypte pour le passage à l'an 2000, Jean-Michel Jarre a donné trois concerts à Athènes, de lundi à mercredi, au pied de l'Acropole, à l'odéon d'Hérode Atticus, réunissant plusieurs milliers de spectateurs. Pour l'occasion, il avait composé un "Hymne à l'Acropole", dont il devait remettre la partition aux autorités grecques.

Le compositeur français, bien connu en Grèce, a pu ainsi réaliser un "rêve de gosse" et se "faire plaisir. C'est un immense privilège de jouer dans un lieu si prestigieux où des artistes se produisent depuis deux mille ans", nous a-t-il confié. L'odéon, qui peut accueillir 5 000 personnes, a été construit en 161 apr. J.-C. aux frais d'Hérode Atticus, célèbre rhéteur sophiste et précepteur de Marc Aurèle, qui deviendra un grand mécène pour toute la Grèce romaine.

"La meilleure façon de célébrer ces lieux antiques, c'est de les intégrer dans la vie actuelle et non de les enfermer sous une cloche à fromage, de les pétrifier dans le passé", a-t-il estimé.

Le projet date du temps de Mélina Mercouri, mais le décès de la ministre de la culture, en mars 1994, a fait capoter le plan. Ambassadeur de l'Unesco, Jean-Michel Jarre a relancé le projet l'an dernier, immédiatement adopté par Marianna Vardinoyannis, épouse d'un grand magnat grec et, elle aussi, ambassadrice de l'Unesco. Président d'Elpida, association grecque des amis des enfants atteints du cancer, Mme Vardinoyannis a organisé les trois concerts dans le cadre du Festival d'Athènes et des olympiades culturelles pour les Jeux d'été de 2004, au profit de son organisation.
 Les recettes seront destinées à la construction en Grèce du premier hôpital pédiatrique spécialisé dans les maladies cancéreuses. Cinq pour cent des fonds recueillis seront versés à l'organisme chargé de la construction du nouveau musée de l'Acropole et à la Fondation Mélina Mercouri, dirigée par Jules Dassin, qui lutte pour le retour en Grèce des "marbres du Parthénon".

Jean-Michel Jarre n'a pas manqué d'ajouter sa pierre à ce combat national, en déclarant soutenir le retour à Athènes des fameuses frises enlevées au XIXe siècle par Lord Elgin et conservées depuis au British Museum. Il n'en fallait pas plus pour que le compositeur français se voit salué comme un nouveau "Philhellène".

C'est par Oxygène 4 que le compositeur commence son concert et lance son "Hommage à l'âme immortelle de la Grèce antique qui a laissé son empreinte à travers les âges". La représentation enchaîne ensuite avec les grands succès remodelés d'Oxygène à Métamorphoses, Acropolis. "Un mélange de musique électronique et symphonique" que le compositeur "a conçu comme une musique de film".

POULPES GÉANTS


Toutes les compositions sont "habillées" d'un arrangement visuel projeté sur le mur à arcades qui surplombe le fond de la scène. Pendant deux heures, le spectateur est assailli tantôt d'images géantes alliant les masques antiques qui crachent de la fumée aux visages pop'art, tantôt par un défilé de poulpes géants, ptérodactyles, fourmis carnassières dans Magnetic fields 1. Un téléscopage de la modernité sur les vestiges de l'Antiquité.

Dans Chronologie 3, au milieu de la première partie, Jean-Michel Jarre présente sa nouvelle harpe musicale. Composée de rayons verts, qui fusent dans la nuit, la harpe laser a été améliorée pour répondre à un souci de "vélocité". A la harpe répondait l'accompagnement à la guitare électrique d'un excellent Patrick Rondat, "un des dix meilleurs guitaristes au monde", assure le compositeur.

Outre Patrick Rondat, qui se déchaîne dans Vivaldi, Jean-Michel Jarre a fait appel à Francis Rimbert au clavier, Christophe Papendieck à la basse et Laurence Faucheux à la batterie. L'accompagnaient également la formation symphonique grecque "Enarmonia" dirigée par Chrysanthos Alisafis, la soprano Vasiliki Karagianni, ainsi que la chorale municipale d'Athènes dirigée par Stavros Beris et un chœur d'enfants d'une banlieue du Pirée mené par Dimitris Kanaris.

Didier Kunz


Le Monde daté du vendredi 22 juin 2001

No comments:

Post a Comment