09/02/2013

Jean-Michel Jarre en ambassadeur du droit d'auteur au Midem



Le Monde.fr |



Jean-Michel Jarre a décidé de "mouiller la chemise". Le compositeur français a déjà très impliqué dans la défense du droit d'auteur – il fut porte-parole de l'IFPI (qui regroupe les producteurs phonographiques au niveau mondial) de 1998 à 2000. Il mena alors avec succès le débat sur les droits d'auteur en rapport avec Internet et les nouveaux médias devant le Parlement européen.

Dimanche 27 janvier, il est au Midem de Cannes pour "donner un coup de main" à la Sacem, mais aussi, dit-il, à la demande des autorités chinoises, de la République Populaire de Chine et de Taïwan, qui désirent construire un modèle de collecte et de répartition des droits d'auteur dans un paysage vide de toutes règles. "80 % de la musique écoutée en Chine est produite à Taïwan", précise-t-il.

Jean-Michel Jarre est une célébrité en Chine. En 1981, il fut le premier musicien occidental à se produire dans la Chine post-maoïste après vingt-cinq ans de fermeture à l'Occident – les concerts de Pékin et Shanghaï sont alors suivis par 500 millions de téléspectateurs et d'auditeurs sur la Radio du Peuple. Il y revient en 1994, ou encore en 2004, pour des concerts à la Cité interdite et sur la place Tian'Anmen à Pékin.
"Ce n'est pas en restant le cul sur une chaise de la terrasse du Café de Flore que les choses changeront. La volonté des représentants chinois est de réformer pour conforter un lien réel avec l'Occident".

Les Français, poursuit-il, doivent être fiers d'avoir inventé le droit d'auteur avec Beaumarchais "et ce n'est pas parce que cela date du XVIIIe siècle que c'est ringard. Au contraire. Il faut en finir avec ces idées reçues. Je suis cohérent, explique l'homme affable. Par le passé, j'ai défendu ardemment l'idée de propriété intellectuelle,  face aux Etats-Unis. Nous estimons, contrairement aux Américains, que c'est celui qui crée l'œuvre qui en est propriétaire, et non celui qui la paye", ainsi que le veut le système du copyright anglo-saxon.

Jean-Michel Jarre s'amuse des revirements "de Mickey". S'apercevant que son patrimoine est menacé par la fin de la durée du copyright, Disney revendique des droits de propriété intellectuelle. "Il faut remettre le droit d'auteur au centre des activités musicales. Il y a un intense lobbying développé aux Etats-Unis et auprès de la Commission européenne pour faire passer cela pour ringard et passéiste. Il faut réagir avec urgence".

Les musiciens ne sont pas des nan #tis, ajoute-t-il. "Les revenus des deux cents plus gros bénéficiaires de la Sacem n'atteignent pas celui d'un joueur de football. Mais on a toujours l'idée du nabab à cigare, de l'affairisme dans ce secteur qui génère du rêve, de l'irrationnel".

"Aujourd'hui, beaucoup d'artistes ne peuvent plus vivre. Il y a eu un transfert d'objet. Avant, on aimait toucher un disque, maintenant on aime son smartphone. Un iPhone qui vaut 500 euros, si on le prive de ses contenus, n'en vaut plus que 50 et encore. Un importateur de matériel, puisqu'ils ne les fabriquent même pas ici, qui se fait autant d'argent sur le dos des créateurs et rechigne à verser quelques dixièmes d'euros aux auteurs, c'est honteux", commente Jean-Michel Jarre, évoquant les contentieux provoqués par les fabricants de matériel qui refusent de payer la taxe sur la copie privée.

"La France est un pays attaché au texte, à la littérature, au cinéma. Elle a toujours eu un problème avec la musique. Les politiques et les institutions françaises ne considèrent pas la musique comme sérieuse. Pour cela, nous devons parler d'une seule voix, retrouver nos fiertés nationales, dont celle d'avoir créer la propriété intellectuelle". Jean-Michel Jarre en appelle à l'éducation artistique dans les écoles.

Le site Web officiel de Jean-Michel Jarre : www.jeanmicheljarre.com.

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